Les méningites à entérovirus du nourrisson et de l’enfant sont principalement transmises par voie oro-fécale. Chaque année, environ une bonne centaine de cas sont enregistrés dans toute la Suisse. L’hôpital universitaire de Berne est un centre qui prend en charge les patients issus d’un territoire comptant 1,5 million d’habitants. Selon les données correspondant à la période 2010-2019, on pouvait escompter en 2020 une méningite à entérovirus chez au moins 20 nourrissons (0-1 an).
Pas un seul nourrisson positif
A la surprise des chercheurs, aucune méningite à entérovirus n’a été détectée chez les nourrissons en 2020, année de pandémie. Une baisse drastique du nombre de cas a aussi été enregistrée chez les enfants âgés de 1 à 16 ans. On peut supposer que cette évolution est attribuable aux mesures prises dans le cadre de la pandémie. Cela est d’autant plus étonnant que la plupart d’entre elles ont été réduites ou levées pendant l’été.
Effet des mesures prises face à la pandémie
On savait déjà que les mesures prises pendant la pandémie pour réduire le nombre d’infections au SARS-CoV-2 ont aussi des répercussions sur l’apparition d’autres maladies virales des voies respiratoires. Les effets positifs identifiés à ce jour concernent principalement les virus transmis par des gouttelettes présentes dans l’air inspiré. Selon Larissa Stoffel, autrice principale de la publication, «l’absence complète de méningites à entérovirus observée chez les nourrissons indique à ce jour que les mesures prises face à la pandémie permettent de prévenir aussi les infections aux virus normalement transmis par voie oro-fécale.»
Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de noter que seules deux mesures ont été maintenues pendant toute la saison estivale: l’hygiène des mains et la distanciation sociale. Les garderies d’enfants et les écoles étaient en revanche ouvertes.
Perspectives
Les données disponibles à ce jour concernent uniquement le territoire couvert par l’Inselspital, Hôpital universitaire de Berne. Un échantillon plus vaste et des analyses supplémentaires aideraient à obtenir des valeurs plus précises.
«Nous pouvons toutefois déjà constater que les mesures simples prises dans le cadre de la pandémie permettent de réduire de manière drastique le nombre de cas de méningite à entérovirus chez l’enfant», souligne le Professeur Christoph Aebi. «C’est pourquoi il convient d’étudier plus précisément leur application à long terme à titre préventif en vue d’endiguer les méningites virales chez l’enfant.»
Experts
- Professeur Christoph Aebi, médecin-chef en infectiologie, service de pédiatrie, Inselspital, Hôpital universitaire de Berne
- Larissa Stoffel, doctorante, service de pédiatrie, Inselspital, Hôpital universitaire de Bern
- Dr Philipp KA Agyeman, privat-docent, service de pédiatrie, Inselspital, Hôpital universitaire de Berne
Contact
- Insel Gruppe AG, Communication: +41 31 632 79 25, kommunikation@ insel.ch
Liens
- Publication originale: doi.org/10.1093/ofid/ofab115 Striking Decrease of Enteroviral Meningitis in Children During the COVID-19 Pandemic | Open Forum Infectious Diseases | Oxford Academic (oup.com)
- Service de pédiatrie, Inselspital, Hôpital universitaire de Berne